

Les destins liés d’Aristide Denfert-Rochereau et Belfort
Le 11 janvier 1823 naissait Aristide Denfert-Rochereau, un homme d’exception qui tient une place à part dans l’histoire de Belfort : c’est grâce à lui que notre ville est restée française à l’issue de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Leurs destins sont donc intimement liés.
Arrivé à Belfort en 1864, Aristide Denfert-Rochereau était alors chargé de superviser la construction du fort des Barres. Après le début de la guerre franco-prussienne, il fut nommé colonel puis commandant de la place forte le 19 octobre 1870 par Léon Gambetta. Dès lors, il mettra en application sa vision novatrice pour la défense de la ville en occupant les villages alentour pour harceler les troupes ennemies et contrarier leurs mouvements. Il parvient ainsi à retarder d’un mois le début du bombardement, mettant ce temps à profit pour renforcer les défenses de Belfort.
C’est ce qui explique la résistance de notre ville pendant 103 jours sous le feu des canons allemands, une résistance qui lui permet de rester française à la fin de la guerre.
Aristide Denfert-Rochereau est ainsi devenu l’un des héros de Belfort. La ville a d’ailleurs tenu à lui rendre hommage dans son espace public.
Le monument des Trois-Sièges
En avril 1901, le conseil municipal décide à l’unanimité d’élever un monument à la gloire du colonel sur l’une des places de la ville. Il sollicite le sculpteur Frédéric-Auguste Bartholdi, déjà auteur du Lion. L’artiste imagine un monument où Denfert-Rochereau occupe la place d’honneur, entouré par deux autres défenseurs de Belfort : le commandant Jean Legrand (siège de 1813-1814) et le général Claude-Jacques Lecourbe (siège de 1815). Une façon de perpétuer la mémoire des trois sièges subis par notre ville au XIXesiècle. Le motif central, In clade decus (« l’honneur dans la défaite »), symbolise la France et Belfort reposant sur trois assises en pierre de grès rouge provenant des anciennes fortifications de Vauban.
Bartholdi décède en 1904, avant d’avoir pu achever son œuvre. Avant sa mort, il a désigné Robert-Louis Noël, statuaire parisien, pour terminer les travaux. Le monument est remis à la ville le 12 juin 1912 et inauguré le 15 août 1913.
110 ans plus tard, le monument retrouve l’éclat de sa jeunesse grâce à la rénovation menée par la Ville de Belfort au dernier trimestre 2022 dans le cadre du réaménagement de la place de la République
Pour en savoir plus
>Belfort Mag n°307, page 11
> Fiche découverteLe Lion de Bartholdi des Musées de Belfort
Le saviez-vous ?
Le colonel Aristide Denfert-Rochereau est présent également sur la statue « Quand-Même » réalisée par le sculpteur Antonin Mercié et installée sur la place d’Armes en 1883. Sur le socle figurent deux médaillons montrant les profils du défenseur de Belfort et d’Adolphe Thiers, chef de l’état et du gouvernement, qui pesa de tout son poids pour que notre ville reste française.
Une rue et un pont en l’honneur du colonel
Après la guerre de 1870-1871, une rue est aménagée dans le prolongement de la rue Adolphe-Thiers (anciennement rue du Commerce). D’abord appelée rue du Commerce-prolongée, elle reçoit le nom de Thiers, avant de changer d’appellation en 1895 : la partie de la rue Adolphe-Thiers située à l’est du faubourg de Montbéliard devient la rue Aristide-Denfert-Rochereau. Une façon d’associer ces deux personnalités qui ont pesé sur le destin de Belfort.
Dans le prolongement de la rue, le pont sur la Savoureuse porte également le nom du colonel.
Source : André Larger, Les rues de Belfort – Dictionnaire historique, Ville de Belfort
Le saviez-vous ?
Le fort de Bellevue, établi en 1870 à l’emplacement de l’actuel cimetière de Bellevue, fut appelé fort Denfert-Rochereau en 1878. Il fut cédé à la ville en 1925 et rasé pour permettre la création du cimetière.
Des effets personnels au musée d’Histoire
Le musée d’Histoire présente plusieurs objets ayant appartenu au colonel Denfert-Rochereau, comme son képi.
Il expose aussi des caricatures de ce personnage adulé par les uns et critiqué par ceux qui voyaient d’un mauvais œil son républicanisme ou jalousaient son succès militaire, dans une guerre qui a révélé beaucoup d’incompétences.
Une exposition dédiée au défenseur de Belfort
Le musée d’Histoire puise dans ses collections pour proposer, à partir du mois de mars, une exposition rendant hommage à Aristide Denfert-Rochereau : Portrait d’un héros. Aristide Denfert-Rochereau.